[J’ai joué à] Remember Me
Remember Me était clairement l’un des jeux que j’attendais le plus cette année avec, notamment, Bioshock Infinite et the Last of Us (oui rien que ça). Il faut dire que le jeu avait de quoi faire saliver: une licence toute neuve, une nouvelle héroïne, métisse en plus (combo personnage féminin non blanc unlocked) et un Paris néo-futuriste alléchant.
Un temps appelé Adrift et soutenu par Sony, c’est finalement sous la bannière de CAPCOM que les français de DONTNOD vont essayer, avec Remember Me, de se faire un place dans un genre déjà très bien représenté sur la dernière génération de consoles, celui de l’action aventure.
Précommandé à l’origine sur PS3, j’ai finalement changé mon fusil d’épaule et pris le jeu (moitié moins cher) sur PC et au final je ne le regrette pas.
L’intrigue du jeu nous place dans l’univers futuriste d’un Paris de 2084 dans lequel la compagnie Memorize a prospéré en mettant au point un appareil le Sensen (pour sensation engine) capable de numériser et de partager les souvenirs (et émotions associées) des citoyens et ainsi de leur éviter de devoir vivre avec des souvenirs trop douloureux. Malheureusement, l’enfer étant pavé de bonnes intentions, cette avancée technologique n’a pas eu que des conséquences positives bien au contraire puisqu’elle a créé des dépendances aux souvenirs heureux engendrant même des créatures qui, faute d’avoir pu maitriser leurs pulsions n’ont plus grand chose d’humain: les Leapers.
Comme je l’ai dit un peu plus haut, dans Remember Me vous incarnez Nilin, une “remixeuse de souvenirs” devenue activiste anti-memorize et qui suite à un “incident” s’est vue condamnée à voir sa mémoire effacée à la Bastille. Bien entendu, rien ne se passera comme prévu et “l’erroriste” réussira à s’enfuir de la prison ce qui l’amènera ensuite à essayer de reconstituer les bribes de son passé tout en s’employant, avec l’aide du mystérieux Edge, à mettre un terme aux agissements de Memorize et de ses alliés. Très vite les choses se compliquent et Nilin en viendrait même à douter des motivations de son protecteur. Il lui faudra donc démêler le vrai du faux, afin de pouvoir contrecarrer les plans de Memorize tout en ne se perdant pas elle-même dans les méandres de sa mémoire.
Il faut bien admettre que les premières minutes de Remember Me sont vraiment très prometteuses et en mettent vraiment l’eau à la bouche grâce à une ambiance et univers graphique (sans oublier un excellent enrobage musical) aussi impeccables qu’alléchants. On part donc plein d’espoir découvrir l’univers de cette nouvelle licence et au final, on en ressort plutôt déçu la faute à plusieurs éléments qui, cumulés, finissent pas agacer.
Techniquement déjà il est impossible de passer sous silence le doublage français à la fois raté en terme de jeu d’acteur mais aussi et surtout en terme de synchronisation des lèvres des personnages. Certes le jeu a été programmé pour un doublage en anglais mais là c’est tellement flagrant que cela en devient vraiment gênant
L’autre lacune essentielle de Remember Me c’est également la linéarité de ses niveaux. En effet, le jeu est très dirigiste et ne vous laisse aucune liberté dans ce Neo-Paris que l’on rêve pourtant de découvrir. Vous rêviez de grimper sur les célèbres monuments parisiens? Et bien d’est dommage car vous ne verrez la Tour Eiffel ou Notre-Dame que de loin dans votre décor. Certes le rendu est splendide mais à aucun moment il ne vous sera possible de flâner dans les rues et les boutiques pourtant modélisées avec soin. En effet, il n’y a qu’un chemin et celui-ci passe par des corniches que l’on vous indique en orange. Les explorateurs en herbe en seront donc quitte pour manger leur chapeau.
Côté combat, Remember Me propose, comme la plupart des jeux d’actions d’ailleurs, un système de combos plutôt classique mais qui a la particularité d’être personnalisable en permettant d’attribuer un effet aux touches présentes dans le combo (dégât, régénération ou jauge de boost voire multiplicateur d’un autre effet). En gros vous pouvez personnaliser l’effet de vos combos en fonction de vos besoin et insister sur les dégâts, les attaques spéciales ou sur les soins. Plutôt sympa, ce système montre très vite ses limites et au final on en vient à utiliser au maximum deux voire trois combos différentes (si on en veut vraiment). Par ailleurs, dans l’ensemble j’ai trouvé que les phases de fight manquaient globalement un peu de pêche. Bref bien mais pas top.
Autre nouveauté sensée être apportée par Remember Me le système de Memory remix qui consiste à modifier les souvenirs d’une personne pour tourner une situation à son avantage. Système mis clairement en avant lors de la promotion du jeu, il s’avère au final n’être qu’un simple gadget (plaisant certes) au cours de l’aventure et ne sera utilisé, au final que guère 3 ou 4 fois. Pire, le titre qui se présente pourtant comme un jeu de SF mature évite soigneusement la question de la moralité de ce genre d’action (enfin plus précisément il pose la question une fois mais sans aucun impact sur la suite des aventures) mais surtout l’impact de celle-ci. Je m’explique, si à un moment Nilin fait croire à X que Y a tué son mari par exemple, comment va réagir X en découvrant que ses souvenirs (modifiés par Nilin) ne sont pas conformes à la réalité? Mystère, le titre fait comme si Nilin ne modifiait pas uniquement la mémoire du personnage mais bel et bien sa réalité ce qui au final ne me semble pas cohérent.
Et c’est là que l’on touche du doigt à mon sens la dernière lacune de Remember Me, son scénario qui a mon sens n’est pas à la hauteur des ambitions du titre de DONTNOD. Pourtant élaboré par Alain Damasio (auteur de SF reconnu), le jeu souffre d’une intrigue plutôt quelconque et peu aboutie qui soulève des thématiques sans vraiment aller au bout de ses idées. Il y avait pourtant matière à se poser des questions sur l’intrusion de la technologie dans notre vie privée, mais cela aurait été probablement ouvrir des portes et des enjeux que Remember Me ne pouvait se permettre d’explorer.
Au final Remember Me est un titre que je voulais vraiment aimer et qui avait su me vendre du rêve malgré sa (trop) discrète promotion. Malheureusement le résultat n’est pas à la hauteur de mes espérances et ce, malgré toute l’envie et le soin apporté par ses développeurs (peut-être un peu dépassés par l’ampleur du projet) qui malgré tout n’ont pas à rougir de ce qui est, en définitive, leur premier grand titre.
Toutefois, on ne peut qu’admettre que par rapport à des mastodontes du genre (je pense par exemple à Uncharted), le jeu est inférieur sur à peu près tous les plans et peut en définitive qu’intéresser les fans pur et durs de l’univers, les autres iront plutôt vers des titres plus consistants (comme The Last of us sorti tout juste une semaine après).
Commentaires
Dommage que ces défauts viennent ternir la bonne idée de départ. Comme quoi, faire un vrai bon jeu (sans même parler d’un grand jeu), c’est très compliqué.
C’est comme au resto, Remember Me c’est le genre de plat qui donne l’eau à la bouche, mais il y a une mauvaise sauce qui vient un peu gâcher le tout.
Les bons plats eux, s’apprécient tout autant des yeux que parla bouche 🙂
Mais bon, j’espère qu’ils en vendront assez pour rentrer dans leurs frais
Malheureusement, a priori les ventes sont catastrophiques… on parle de 70 000 ex. (hors PC il me semble) :-/
Il faut dire que se lancer sans promo juste avant The Last of us relève un peu de la mission suicide…
Bref, à mon avis, on est pas prêt de revoir Nilin.
C’est dommage, mais c’est vrai qu’arriver avant The last of us, c’était vraiment pas une bonne idée. Je pense que si le lancement avait été fait à une période un peu creuse en termes de sorties, ce jeu aurait pu avoir un peu plus de succès.
Tu as raison, le problème c’est que des jeux AAA y’en a un paquet sur cette fin de génération. Du coup tout ne peut pas marcher mais il est certain qu’en sortant à une période plus creuse, le jeu de DONTNOD aurait peut être eu une chance…
Après, cela n’aurait pas pallié à ses lacunes.